Sans drame, sans dam

Sans drame, sans dam

Du passé j' efface
l'empreinte la trace
la buée collante
de la vitre aimante
la fonte d'un coeur
qui navre les heures.
Dans la nuit en loques
la ligne de coke
l'ardoise remplie
de rêves à crédit.
J'efface ta dette
J'aspire les miettes
jusque dans le lit.
Je fais place nette.
sans drame sans dam

Du passé j'efface
l'empreinte la trace
sans voiler ma face.
Sur le pare brise
j'oublie la pluie grise
Sur le lin froissé
les ronds de café
le sang auréole
le sens de ton rôle
le rouge baiser
sur ton col blessé
sur mes yeux éteints
le fard des paupières
le sel des chagrins
sans drame sans dam

Du passé j'efface
les calques les masques
les dires fantasques
d'un coup de chiffon
te voilà sans face
je lave l'horizon
je mets au pilon
le vieux feuilleton
je biffe j'éradique
les jours élastiques
j'abroge je balaie
les doutes les regrets
je gomme j'annihile
je vais à la ligne
sans drame sans dam

Du passé j'annule
le poids ridicule
les fichiers remplis
de photographies
tout m'est étranger
sur ces vieux clichés
je te perds de vue
amour sans issue
les couleurs s'effacent
impair manque et passe
sans peur et sans heurts
une histoire meurt
sans grande douleur
sa trame se détrame
sans drame sans dam

Je purge je mouche
le ciel de nos couches
du passé j'efface
l'empreinte la trace
l'odeur de ta peau
le sucre des mots
fondus enchaînés
les ombres portées
dans la nuit de moire
j'essore ma mémoire
d'un clic je lessive
les vieilles missives
tu deviens ellipse
tu deviens éclipse
sans drame sans dam

« Et c'est triste de n'être plus triste de vous ...  » sussure Brassens de son ciel sans Dieu.