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parolessansmusique
7 avril 2009

roman graphique

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WATCHMEN / Les Gardiens
Scénario : ALAN MOORE
Dessin : DAVE GIBBONS
Traduit de l'anglais par JEAN-PATRICK MANCHETTE

Au temps objectif, cosmique et comptable, tombé de ce ciel clos que les anciens philosophes, les astronomes ou les astrologues nommaient par raccourci «  la Sphère », répond symétriquement la durée intime, enfermée dans une autre sphère, celle de la boîte crânienne ... De l'identité, condition du sentiment de la durée, aux variations que celle-ci subit au gré des affects qui se partagent son cours dans nos esprits sans écarter l'inévitable découverte de la vanité de nos existences, notre intimité est toute entière traversée par le flux continu du temps ?      Daniel Soutif

CHAPITRE 4 : Minuit moins huit  avant le déclenchement de la troisième guerre mondiale et de la destruction annoncée de la planète.
1985 : Jon, alias Docteur Manhattan, seul sur Mars, à deux cent vingt-sept millions de kilomètres du soleil,  tient une photographie datée de 1959.
Sa femme d'alors, Janey et lui « tuent le temps » dans un parc d'attractions . Ils sont "pris" en photo pour 75 cents.
Passé, présent, futur coexistent dans l'esprit de Jon et dans ce récit complexe construit comme un compte à rebours, en douze chapitres pour douze minutes.
Récit uchronique enrichi par la fiction d' articles de journaux, de témoignages, de documents.
On est en 1985. Les Etats-unis ont gagné la guerre du Vietnam. Nixon en est à son cinquième mandat .
Jon tient donc cette photo entre les doigts comme un lien dérisoire avec la terre. L'humanité vaut-elle la peine d'être sauvée et quel est le sens de la vie dans le chaos de l'univers ?
Sur la martienne Olympe, les images se succèdent.
1945:  Brooklyn , Jon  est un jeune homme, il observe les rouages d'une montre démontée.
Le dessin renvoie à celui de son corps décomposé, recomposé, divinisé, quelques années plus tard.
L'ensemble des parties fait-elle le tout ?
1945 : Hiroshima . Le temps s'arrête : une montre endommagée en couverture du Time, fige l'histoire .
Einstein parle. Les certitudes vacillent
Le temps varie, le temps est faux: le père de Jon, horloger,  disperse les rouages de sa montre.
Jon pense: des mots noirs sur fond bleu.
Peut-être le monde n'est-il pas fait. Peut-être rien n'est-il fait. Tout, peut-être est, a été, sera toujours. Une horloge sans horloger.
Alan Moore, l'auteur de cette bande dessinée cite Nietzsche, Jung, la bible. Il se réfère au panthéon grec et à Juvénal, relie les anciennes mytholologies aux nôtres, et nous entraîne dans une épopée désenchantée où les héros fatigués, fissurés par d'anciennes blessures personnelles se débattent dans le cauchemar américain comme "meilleur monde possible".
Mises en abyme, effets de symétrie, jeux de point de vue, l'oeuvre est virtuose ; chaque élément d'une vignette devient signifiant par ricochet et ménage une entrée possible dans le récit.
En couverture, le dessin de  Dave Gibbons  représente les sept Watchmen sur une photo de groupe, raides sous leur costume de carnaval, le regard fixe , les commissures des lèvres tombantes sauf pour Rorschach sans visage et pour le Comédien sardonique qui ne le restera pas jusqu'au bout contrairement aux auteurs.
Après la mort de trois millions de new-yorkais, le smile de son badge fétiche maculé de son sang qui initiait le récit, s'offre en gros plan sur un tee-shirt de journaliste, maculé de ketchup.

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