la tentation de l'iceberg
Un ami m'a transmis cette belle photo prise près de St Johns dans le Newfoundland ( Canada).
Des marins changent la direction des icebergs pour éviter qu'ils ne heurtent les plates-formes ou les bateaux.
Ce jour-là, un plongeur a pris le cliché de ce gros glaçon de 300 millions de tonnes, à quelques grammes près.
Et j'ai repensé au poème polaire d'Henri Michaux dans La nuit remue .
Et j'ai repensé à la tentation de l'iceberg comme patrie possible.
Un énorme non vu, non dit et les craquements du silence.
Icebergs
Icebergs, sans garde-fou, sans ceinture, où de vieux cormorans abattus et les âmes des matelots morts récemment viennent s'accouder aux nuits enchanteresses de l`hyperboréal.
Icebergs, Icebergs, cathédrales sans religion de l'hiver éternel, enrobés dans la calotte glaciaire de la planète Terre.
Combien hauts, combien purs sont tes bords enfantés par le froid.
Icebergs, Icebergs, dos du Nord-Atlantique, augustes Bouddhas gelés sur des mers incontemplées. Phares scintillants de la Mort sans issue, le cri éperdu du silence dure des siècles.
Icebergs, Icebergs, Solitaires sans besoin, des pays bouchés, distants, et libres de vermine. Parents des îles, parents des sources, comme je vous vois, comme vous m'êtes familiers...