retour de Venise
Beaucoup ont jugé décevante cette 53ème édition de la Biennale d'art de Venise .
Son thème « Making worlds » pour être très large n'en laissait pas moins espérer plus d'inventivité, plus d'audace peut-être.
Le pavillon français investi par Claude Lévêque propose une installation de belle facture, très « chic », plus déprimante qu'angoissante : « le Grand soir »
On s'y retrouve au milieu de cages vides dont les parois recouvertes de paillettes argentées scintillent comme au music hall. Trois couloirs partent de l'espace central pour conduire à une même impasse : des grilles derrière lesquelles dans la pénombre, un drapeau noir claque sous l'effet de ventilateurs .
En fond sonore, des sirènes de bateaux cherchant désespérément une direction, sans doute.
On est loin du fantasmagorique Casino d'Annette Messager en 2005 et du jouissif Prenez soin de vous de Sophie Calle en 2007.
Par ailleurs, le lion décerné à l'artiste américain Bruce Nauman pour l'exposition du pavillon national, cercle de mains enlacées et empilement de têtes en fontaine peut déconcerter.
Pour autant, l'itinéraire dans les Giardini offre de jolis moments et l'architecture de l'Arsenal, qui annexe de nouveaux espaces, est en elle-même, un vrai bonheur.
Et puis il y a Venise épuisant les regards sans jamais s'épuiser, beautés anciennes et nouveaux atours comme cette Punta della Dogana réhabilitée par Tadao Ando pour Pinault , les curiosités du palais Fortuny, les Glasstress de l'institut des Sciences et Lettres au Palazzo Cavalli Franchetti ... et, surtout, l'hommage à Robert Rauschenberg ( mort en 2008) jusqu'au 20 Septembre , au musée Guggenheim .
Une quarantaine de « Gluts », assemblages d'éléments métalliques récupérés dans la décharge de Fort Myers en Floride, « totems » de l'industrialisation déclinante.
Des oeuvres élégantes, entre peinture et sculpture, révélant une extraordinaire maîtrise de l'artiste, rencontres poétiques de formes, de couleurs, de mouvements, qui selon Rauschenberg, doivent sembler évidentes, « inévitables ».
Dans les boîtes en céramique de Bertozzi et Casoni se cachent
le David de Michel-Ange, le cri de Munch, des diables et bien d'autres surprises
A l'Arsenal, un poulpe géant flotte dans l'espace.
Aux giardini , Saraceno géométrise.